Notes from the Field

Chers lecteurs francophones

December 8th, 2011 by Maria-Jose Viñas

By Ludovic Brucker

Chers lecteurs francophones (que nous savons nombreux tels que familles, amis, et élèves de Goddard French Immersion Schéol), voici un petit récit résumant notre situation actuelle à Mc Murdo (77 o 51’ S, 16640’ E). Lors des prochains messages, nous essayerons d’avoir un court résumé du texte en français. N’hésitez pas à nous poser vos questions!

Tout d’abord, relatons l’objectif scientifique motivant cette campagne de terrain où nous ferons une traverse légère (déplacement en motoneiges et “nuitées” sous tentes) de 500 km durant le mois de décembre sur la partie ouest de la calotte Antarctique.

Nous cherchons à estimer l’accumulation de neige sur la calotte Antarctique, soit combien de centimètres de neige précipitent chaque année et s’accumulent avec le temps jusqu’à se métamorphoser en glace. L’Antarctique étant un immense continent d’une superficie d’environ 14 millions de km2 il est impossible d’obtenir cette information à partir de mesures locales obtenues depuis quelques stations. Par conséquent, notre objectif est d’utiliser des mesures satellites afin de retrouver cette information sur l’accumulation de neige à l’échelle continentale. Pour cela il nous faut tout d’abord obtenir des mesures in-situ pour développer des algorithmes servant à convertir la mesure satellite (celle d’un rayonnement électromagnétique, généralement dans le domaine des micro-ondes) en une grandeur physique (telle que accumulation de neige, température, densité, taille de grains de neige, ou encore présence d’eau liquide dans le manteau neigeux, etc.). Avec plus de 30 ans de mesures continuellement collectées par des radiomètres en orbite autour de la Terre, ces grandeurs servent au suivie climatique de la cryosphère en régions polaires.

Durant la traverse, cinq personnes seront présentes avec des rôles clés, définis:

– Michelle, au vue de son expérience lors de déploiements en régions polaires, est en charge du groupe. Après une prise en compte des idées/préoccupations de chacun, elle aura le dernier mot sur les choix stratégiques nous permettant d’évoluer en sécurité. Par exemple, il lui revient la décision de démonter le camp au petit matin afin de continuer la traverse, ou, au contraire, de rester une journée supplémentaire si le vent ou la visibilité ne permettent pas d’atteindre notre prochain point de ravitaillement en carburant (qui sera déposé dans quelques jours par avion). Michelle est également le contact radio avec le camp d’été à Byrd et la station McMurdo.

– Jessica et Randy s’occupent du forage de carottes de neige jusqu’à 15-20 mètres de profondeur, ainsi qu’aux premières analyses. Ils vont extraire des carottes d’environ 1 m de long et 5 cm de diamètre, puis les mesurer, peser et les mettre dans des tubes afin de les protéger. Ensuite, ces tubes seront transportés par avion jusqu’aux Etats-Unis.

– Clément travaille avec deux radars (bande C et Ku) que nous transportons sur un traineau spécial tracté par motoneige. Les jours de déplacement, Clément et Ludovic alterneront leur présence sur ce traineau et sur la motoneige. Comme vous vous en doutez, rester assis 8 à 10 heures à contrôler le bon enregistrement des mesures radars donne rapidement froid dans le dos ! Nous changerons donc de position très régulièrement. Durant les jours au camp, Clem passera l’essentiel de son temps aux révisions des instruments.

– Ludo, en plus de partager son temps avec Clem et les radars, réalisera des mesures des propriétés physiques de la neige dans des puits de 2 m de profondeur. En plus des mesures classiques de températures, densités, conductivité thermique, etc, nous prendrons également des photographies infrarouges permettant d’enregistrer  la stratigraphie du manteau neigeux, et d’estimer la variation verticale de la taille des grains de neige.

Notre équipe présente cette année en Antarctique est composée pour le moment de 6 personnes, les 5 déjà présentés plus Lora! Lora est une experte de la NASA dont la thématique principale est l’analyse de mesures par télédétection active et passive des manteaux neigeux en Antarctique et au Groenland. Elle a déjà réalisé 7 déploiements sur calottes polaires, dont 3 en Antarctique, elle a aussi passé 4 mois consécutifs à Summit durant un hivernage au Groenland. Sa maîtrise des préparations d’expédition est un atout incroyable tout comme sa connaissance de la station McMurdo. Lora va venir avec nous jusqu’à Byrd afin de s’assurer que tout soit parfaitement en place, puis elle rentrera dans le Maryland pour célébrer la Noel avec sa famille.

Les présentations étant maintenant faites, résumons les différentes étapes excitantes de ces derniers jours! Nous avons quitté les Etats-Unis le 17 novembre en direction de Christchurch (Nouvelle-Zélande) avec un passage par Los Angeles (Californie) puis Auckland (Nouvelle-Zélande). Après avoir perdu une journée en passant la longitude de changement de date, l’arrivée en Nouvelle-Zélande s’est très bien déroulée pour toute l’équipe.

Dimanche 20  a été consacré à récupérer nos habits polaires (voir les photos associées aux autres textes en anglais). Nous avons notamment reçu “Big Red”, cette fameuse parka rouge de la National Science Fondation (NSF) et du programme antarctique américain (USAP).

Lundi 21 fut le jour du départ pour l’Antarctique. Après un vol de 5h, le C-17 de l’US Air Force a atterri sur la glace de mer au large de la station McMurdo. Un moment magique!

Nos premiers pas nous ont menés vers de particuliers engins, Delta et Terra bus, dédiés au transport en commun afin de relier la piste d’atterrissage à la Station de Mc Murdo.

Les engins de transport à McMurdo sont soit équipés de chenilles, ou possèdent des roues d’une largeur exceptionnelle et d’une hauteur aussi grande que Clem!

Mardi 22 et Mercredi 23, Jessica, Randy et Ludo ont suivi une formation de sécurité pour les déploiements en extérieur. Cette formation, bien mieux connue sous le nom de “Campeurs Joyeux!”, inclue une nuitée ensoleillée dehors, à proximité du Mont Erebus sur la plate-forme glaciaire de Ross. Pour varier les plaisirs, Jessica a passé la nuit dans une tente standard en forme de dôme, Randy dans une tente Scott en forme pyramidale afin de résister aux vents antarctiques. Sur recommandation de Clément, Ludo a quant à lui creusé une tranchée pour y passer une excellente nuit ensoleillée avec un panorama fantastique.

Durant ce temps, l’autre partie du groupe a commencé la chasse aux caisses d’équipement envoyées depuis le Kansas en septembre dernier. Malheureusement, nos radars n’ont pas été trouvés… Apres quelques heures de recherches ils ont été localisés sur un bateau à Christchurch.

Durant la journée du Jeudi 24, nous avons tous apporté notre grain de sel aux préparations. Il s’agissait de préparer les caisses de nourriture pour les prochaines semaines, soit 350 kg d’aliments.

La dernière journée de cette première semaine était dédié à finir les préparations de toutes les caisses en partance pour Byrd. Malheureusement les radars n’étaient toujours pas arrivés à McMurdo due aux conditions météorologiques empêchant les C-17 de voler. Plus précisément, les avions auraient pu atterrirent sans difficultés mais durant la phase de descente ils avaient à traverser une couche humide qui auraient généré de la glace sur la carlingue de l’avion une fois posé. L’aileron de queue étant très haut sur ces avions et l’usage des produits dégivrant limité, aucun avion en provenance de Christchurch s’est posé depuis notre arrivé.

Dans l’espoir de recevoir très prochainement les radars, nous allons poursuivre notre découverte de Mc Murdo et de la base néo-zélandaise Scott durant le week-end de Thanksgiving.

 

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3 Responses to “Chers lecteurs francophones”

  1. Jean Beaulieu says:

    Pourquoi l’épaisseur de la calotte Antarctique est-elle très élevé au centre de la calotte par rapport à ses bordures? Depuis des milliers d’années neige-t-il plus au centre qu’en bordure? Si oui pourquoi? Si non pourquoi?

    JB

  2. Guy de Puyjalon says:

    Merci !
    Très agréable de suivre, en français, le récit de vos pérégrinations.
    Voeux de succès.

  3. Mamadou Khouma says:

    J’ai du mal à imaginer la froideur de l’endroit. C’est à la fois magique et terrifiant. On doit se rendre compte de la grandeur de la nature et de la petitesse de l’homme.
    Du courage. C’est une oeuvre de pionnier au profit de l’humanité tout entière.
    Mamadou